Les concepts d'origine de l'analyse transactionnelle
Eric Berne a posé les bases d’une théorie puissante, l’analyse transactionnelle (AT) et nous vous en présentons ici les premiers concepts. Au fil des années, ils ont été enrichis par différents analystes transactionnels ce qui a permis à l’AT de perdurer dans un esprit d’ouverture et de rigueur.
Ouverture car chacun peut contribuer au développement de l’AT en proposant des articles dans les revues d’AT. Rigueur, car l’AT se dote de processus de certifications, validées par des examens.
Pour aller plus loin, nous vous recommandons de suivre la formation de base, appelée « cours 101 », dispensée uniquement par des formateurs certifiés.
Vous retrouverez les références des ouvrages cités à la page Publications.
Les besoins de base
Eric Berne, psychiatre américain, fondateur de l’analyse transactionnelle a introduit dans son livre « Analyse Transactionnelle et Psychothérapie » l’esquisse d’un système cohérent de psychiatrie individuelle et sociale.
L’AT est une théorie permettant d’analyser les dynamiques intrapsychiques (ce qui se vit dans le psychisme de la personne) et les dynamiques interpersonnelles (ce qui se vit dans les relations). Il en découle 4 champs d’application : le conseil, l’éducation, la psychothérapie, l’organisation.
L’AT est une approche contractuelle. Pour Eric Berne, ce sont les gens qui décident de leur destinée et ces décisions peuvent être changées. Pour cette raison, il passait des contrats avec ses patients qui les engageaient à se mobiliser pour changer et guérir. Cette pratique contractuelle est encore au cœur des accompagnements en AT, quel que soit le champ.
La base de la théorie
- Un postulat: Les gens sont nés OK, c'est à dire que chaque être humain a de la valeur, de l'importance et de la dignité.
- Un modèle: Fondé sur les 3 états du moi, Parent, Adulte, Enfant.
- Des lois: Les 3 lois de la communication relatives aux échanges nommés Transactions .
- Une dynamique: Le besoin de signes de reconnaissance commun et nécessaire à toute personne.
Eric Berne s’est interrogé sur nos besoins vitaux. Par analogie à la nutrition, il les a appelés « soifs » en montrant ainsi à quel point ils sont fondamentaux.
Avons-nous, au-delà de l’eau, de la nourriture ou de l’air, d’autres besoins tout aussi importants, et donc vitaux ?
Oui, répond Eric Berne qui a identifié trois soifs fondamentales chez tout être humain :
Les 3 soifs fondamentales
- La soif de stimulation
- La soif de reconnaissance
- La soif de structure
Pour survivre, l’être humain est confronté à la nécessité de satisfaire ses soifs fondamentales, il va, en conséquence, utiliser une grande partie de son temps et de son énergie pour y parvenir. Que nous en ayons conscience ou non, notre activité quotidienne, pour une bonne part, est orientée vers la satisfaction de ces trois soifs. Connaître nos besoins nous permet de satisfaire nos soifs avec plus d’efficacité. Ainsi réussissons-nous à nous maintenir en bonne santé psychique et physique.
La soif de stimulation
Dès sa naissance, l’enfant reçoit de nombreuses stimulations de toutes sortes : il est touché, nourri, manipulé, caressé, il sent les parfums, entend des sons, voit lumières et ombres, il goûte le lait.
Il entre en contact avec le monde par ses cinq sens.
Les sensations fortes, devenues perceptions, vont accompagner son évolution et son développement tout au long de sa vie.
La personne satisfait sa soif de stimulations en utilisant ses cinq sens, au contact des autres et de l’environnement.
La soif de reconnaissance
La soif de reconnaissance correspond au besoin de l’individu d’être accepté et reconnu par les autres, comme étant un être humain singulier, spécifique, mais aussi semblable aux autres.
Les signes des reconnaissances permettent de développer une bonne image de soi, et un équilibre psychique. Pour en obtenir, les personnes recherchent le contact, les relations sociales. Dans son livre « Que dîtes-vous après avoir dit bonjour ? » Eric Berne explique la manière que nous avons d’entrer en contact et en relation avec les autres.
Ce besoin de reconnaissance est si profond et vital que certaines personnes préfèreront des signes de reconnaissance négatifs, dévalorisants, que pas de signe de reconnaissance. L’indifférence étant vécue comme insoutenable.
La soif de structure
Pour obtenir stimulation et reconnaissance, l’être humain a le besoin vital de structurer son temps. Entrer en relation structure le temps. Les gens sont prêts à payer pour que d’autres les aident à structurer leur temps et leur fournissent stimulations et reconnaissance. C’est ce que nous recherchons au contact des artistes.
Comment structurons-nous notre temps ?
Eric Berne classe six manières de structurer son temps. Les stimulations reçues s’intensifient au fur et à mesure de l’engagement dans la relation.
- Le retrait. La personne utilise son temps pour être en contact avec elle-même, elle est avec les autres mais ne communique pas avec eux, et reste dans ses pensées
- Le rituel. La personne entre en relation avec les autres de façon stéréotypée. Elle utilise des formules simples et complémentaires : « bonjour, ça va ? » « Ça va, et vous ? ». Ce sont des habitudes culturelles.
- Le passe-temps. La personne passe le temps, elle échange des informations avec son interlocuteur, elle discute sans trop s’impliquer dans la relation. La conversation est balisée, elle se fait « toute seule », sur des sujet comme la météo ou le match de foot de la veille.
- L’activité. La personne instaure une relation qui est orientée vers une tâche à réaliser ensemble. La conversation, les gestes sont dédiés à cette réalisation : « passe moi le marteau », « peux-tu m’aider à… », « qui met le site à jour ? ». C’est une manière d’échanger avec des personnes pour obtenir un résultat, un bénéfice, une production ou une concrétisation au travail, en famille, etc.
- Les jeux psychologiques. La personne établit des séquences relationnelles où la relation et ses échanges avec l’autre sont très intenses, récurrents et génèrent beaucoup de stimulations, mais aussi, où la fin est prévisible et négative.
- L’intimité. La personne établit une relation sincère exempte de jeux psychologiques. Les interlocuteurs échangent sur ce qu’ils ressentent, et s’impliquent (joie, tristesse…). C’est le mode de communication qui demande de se livrer, de montrer ses forces, ses faiblesses, sa vulnérabilité. L’échange est direct et spontané. Cette structuration du temps est rare, de courte durée, et de grande intensité.
Les états du moi
Un état du moi est un ensemble cohérent de pensées et sentiments qui se manifestent dans un comportement.
Le concept des « états du moi » est le premier élaboré par Eric Berne.
Après avoir observé de nombreux patients, il postule que chaque personne a 3 états du moi : le Parent, l’Adulte, l’Enfant. Nous les écrivons avec une majuscule pour les distinguer du parent, de l’adulte ou de l’enfant, quand ils désignent des personnes réelles. Dans les schémas, nous n’utilisons que les majuscules : P, A, E.
Pour établir sa théorie, Berne se base sur 3 postulats irréfutables :
- Toute personne adulte a été autrefois un enfant.
- Chaque être humain est doué d'intelligence.
- Tout le monde a été élevé par des adultes, souvent par les parents biologiques.
Le modèle structural
De la naissance à l’âge adulte, l’être humain grandit et passe par des états différents. Eric Berne a montré que l’individu intègre et ancre les différents états par lesquels il est passé.
C’est de cette façon que la personne construit son identité, par la coexistence cohérente des 3 états du moi, Parent, l’Adulte et l’Enfant. Ils sont symbolisés par 3 cercles superposés, c’est le modèle structural représenté ci-contre.
Le Parent : Il se construit dans l’enfance avec des modèles que l’enfant incorpore, venus des adultes proches, aussi appelés « figures parentales ». Ces personnes ont eu une influence sur l’éducation de l’enfant. On y trouve « les bonnes choses que l’on m’a dit de faire » : pratiquer une activité religieuse, travailler dur pour réussir, économiser son argent… A l’âge adulte ces comportements peuvent réapparaitre tels que les figures parentales l’ont enseigné. L’état du moi Parent est alors aux commandes.
L’Adulte : C’est l’état du moi qui permet de traiter les informations avec les moyens cognitifs à disposition, en cohérence avec la situation présente : Penser, évaluer, analyser, prendre des décisions pour répondre à une situation vécue maintenant, dans le présent. Dans ces moments, l’état du moi Adulte est aux commandes.
L’Enfant : Il s’est construit à partir des expériences, des ressentis, des croyances et des illusions de l’enfant. C’est là où l’enfant a stocké émotions et besoins, résultant de ses expériences parfois confrontées aux réactions des figures parentales. Il arrive que les personnes se comportent comme elles l’ont fait dans leur enfance parce qu’une situation les ramène inconsciemment à ces anciennes expériences. Dans ces circonstances, c’est l’état du moi Enfant qui est aux commandes.
Le modèle fonctionnel
Le modèle fonctionnel décrit la façon dont les personnes font fonctionner leurs états du moi. Ce sont des manifestations observables : mouvements du corps, mimiques, ton de la voix, postures, regards…
Il n’y a pas un état du moi meilleur qu’un autre, en revanche, la façon de les faire fonctionner peut être positive ou négative.
Le Parent fonctionne selon 2 formes, Parent Normatif ou Parent Nourricier.
La façon de fonctionner de l’Adulte est uniforme, il n’a pas de subdivision.
L’Enfant fonctionne selon 2 formes, Adaptée ou Libre. L’Enfant Adapté étant Rebelle ou Soumis.
Le Parent Normatif (PNf)
- positif : Il donne le cadre, instaure les règles, il protège.
- négatif : Rigide, il n’accepte pas d’autres normes que les siennes, il cherche l’erreur.
Le Parent Nourricier (PNr)
- positif : Il rassure, soutient, encourage, il donne des permissions.
- négatif : Il pense et fait à la place des autres.
L’Adulte (A)
- En cohérence avec la réalité « d’ici et maintenant », les pensées et sentiments de l’Adulte apporte les réponses aux stimuli de l’environnement. Ce qui peut être négatif, c’est l’usage exclusif de l’Adulte, comportement qui pourrait être assimilé à celui d’un robot.
L’Enfant Adapté Soumis (Eas)
- positif : Il se conforme aux normes sociales, ce qui permet la vie en société.
- négatif : Il ne prend pas en compte ses besoins et se sur-adapte à ceux des autres.
L’Enfant Adapté Rebelle (Ear)
- positif : Il fait preuve de discernement et apporte un regard critique constructif
- négatif : Il d’oppose à tout, systématiquement.
L’Enfant Libre (El)
- Comme l’Adulte, l’Enfant Libre n’a pas de forme négative. Libre d’influences parentales, c’est par lui que s’exprime la créativité, l’expression spontanée d’émotions authentiques.
Les transactions
La transaction est l’unité de communication en analyse transactionnelle. Elle est verbale et/ou non verbale.
3 lois en découlent :
- 1ère loi : tant que les transactions sont complémentaires, la communication dure indéfiniment.
- 2ième loi : quand la transaction est croisée, le système de communication en place est interrompu.
- 3ième loi : la transaction cachée ou transaction psychologique prime sur la transaction sociale.
Les transactions parallèles ou complémentaires
Une transaction est dite parallèle, ou complémentaire, quand la réponse vient de l’état du moi visé.
Le vecteur 1 est appelée stimulus transactionnel.
Le vecteur 2 est appelée réponse transactionnelle.
Nous pouvons imaginer un dialogue entre 2 personnes, par exemple, une mère (ou un père) et son fils (ou sa fille).
1 Mère : « mon chéri, il fait froid aujourd’hui, couvre-toi bien ».
2 Fils : « oui maman, je mets mon pull vert ».
Bien sûr, entre entre une mère et son fils, il parait tout à fait naturel d’être dans ce système de communication. Tant qu’il n’y a rien pour le perturber, ce système dure indéfiniment. Il s’arrête le soir et reprend le matin.
Nous retrouvons aussi ce même système en situation professionnelle, entre un manager et un collaborateur.
1 Manager : « quand tu auras fini ce dossier tu passeras sur la machine 34 ».
2 Collaborateur : « entendu, je n’en ai plus pour longtemps ».
Nous sommes, dans ce deuxième exemple, dans le même système de transactions complémentaires, Parent – Enfant. Evidemment, les transactions peuvent être complémentaires, Adulte – Adulte.
Manager : pourras-tu t’occuper de ma machine 34 quand tu auras fini ton dossier ?
Collaborateur : oui, j’ai besoin de 20 minutes pour terminer mon dossier et j’y vais. Y a-t-il une consigne particulière ?
Les transactions croisées
Une transaction est dite croisée quand la réponse ne vient pas de l’état du moi visé.
Dans un cadre professionnel, imaginons un manager et son collaborateur.
1 Manager : J’ai besoin de ce dossier de toute urgence, dépêchez-vous !
2 Collaborateur : il vous le faut pour quelle heure ?
La manager vise l’état du moi Enfant du collaborateur qui lui répond à partir de l’Adulte. Le système de communication est interrompu. L’objectif recherché est de contacter l’état du moi Adulte du manager et d’installer la suite de la conversation à partir des états du moi Adulte.
Imaginons maintenant une conversation entre une Grand-Mère et sa fille, elle-même Mère.
1 Grand-Mère : les jeunes avec leur jeans troué, ils ne ressemblent à rien.
2 Mère : te souviens-tu de la mode de ta jeunesse ?
Grand-Mère, en portant un jugement sur la façon dont certains jeunes s’habillent, vise l’état du moi Parent de Mère, sans doute pour une approbation. Mais la Mère en répondant de son Adulte tente de ramener Grand-Mère à une réflexion sur les modes aux différentes époques.
Les transactions sont croisées, même si schématiquement, elles ne le sont pas, car la réponse ne vient pas de l’état du moi visé. La conversation est interrompue, un des interlocuteurs doit changer d’état du moi pour que la communication reprenne.
Les transactions cachées
Une transaction est dite cachée (1′), ou psychologique, quand elle n’est pas explicitement exprimée mais sous-entendue. Ce qui est exprimé, est une transaction sociale (1). La réponse s’adressera à la transaction cachée.
Imaginons la scène entre Époux et Épouse.
1 Épouse (stimulus social) : « tu vas encore regarder le match de foot chez tes copains » ?
1′ Épouse (stimulus psychologique) : « tu ne t’occupes pas de moi ».
Selon son humeur, l’Époux répondra :
2 Époux : « c’est le derby, je ne peux pas louper ça » !
Ou
2 Époux : « d’accord ma chérie, je t’emmène au restaurant ».
Dans les 2 cas, l’Époux répond à la transaction cachée.
Les jeux psychologiques
En observant la répétition des comportements humains, Eric Berne a formulé la définition des jeux psychologiques.
Un jeu est une série de transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien défini, prévisible.
Eric Berne, Des jeux et des hommes.
Dans son livre Des jeux et des hommes, devenu best-seller et qui a largement contribué au succès de l’AT, il décrit nombre de jeux psychologiques. Le plus commun, parce que joué par tous, est celui de « oui, mais« .
Yves Lavandier, réalisateur intéressé par l’analyse transactionnelle, a fait un film qui en porte le nom : Oui, mais… (2001).
En voici un court extrait qui illustre parfaitement le mécanisme.
La formule J
Du fait de leur mécanisme répétitif, Eric Berne a modélisé les jeux psychologiques avec une formule quasi mathématique.
Attrape nigaud + point faible –> réponse + déclic + moment de stupeur + bénéfice négatif.
Abrégé : AG + PF –> R + D + MS + BN
Eric Berne, Que dîtes vous après avoir dit bonjour ?
En voici l’explication sur la base de la vidéo « Oui, mais… »
Attrape Nigaud : Jardinier 1 se plaint de ne pas pouvoir aller au cinéma.
Point faible : Jardinier 2, compatissant, est touché par cette situation.
Réponse : s’en suit une série de transactions où jardinier 2 donne des solutions. Jardinier 1 s’ingénie à les dénigrer. S’en suit la réponse « ah bon si tu préfères ne pas aller au cinéma… »
Déclic : jardinier 1 prend conscience que son collègue n’est d’aucune aide, il s’offusque et appuie sur le déclic » J’te l’ai dit, c’est pas si simple… »
Moment de stupeur : jardinier 2 ne comprend pas ce qu’il lui arrive.
Bénéfice négatif : chacun vient renforcer des croyances négatives sur soi, les autres ou le monde en général, en pensant des mots comme : « personne ne me comprend », « quoi que je fasse, ça ne sert à rien »…
En cela, c’est un bénéfice. Il permet aux protagonistes de confirmer leur scénario.
Le triangle dramatique
Le triangle dramatique est une autre approche pour observer les jeux psychologiques.
Stephen Karpman en est le concepteur. C’est un triangle parce qu’il y a potentiellement 3 rôles, Persécuteur, Sauveteur (ou Sauveur), Victime.
Pour jouer il faut être au moins 2, un Persécuteur et une Victime ou un Sauveteur et une Victime. Parfois nous retrouvons les 3 rôles dans un jeu.
Le triangle à la tête en bas, symbolisant une situation instable. Il est équilatéral car la « distance » ou le laps de temps pour passer d’un rôle à un autre est identique.
Le triangle est dit dramatique en référence au théâtre de la Grèce antique, la fin est prévisible mais évitable.
Le Persécuteur ne prend pas en compte les besoins de la Victime, il la dévalorise.
Le Sauveteur considère que sans lui la Victime ne pourrait pas s’en sortir. En faisant à sa place, il la dévalorise.
La Victime ne se croit pas capable d’agir. Elle se dévalorise.
Dans l’extrait du film « Oui mais.. », Jardinier 1 est dans un rôle de Victime, Jardinier 2 dans un rôle de Sauveteur. Quand Jardinier 1 s’offusque (le déclic chez Berne), Jardinier 1 est passé dans un rôle de Persécuteur et Jardinier 2 dans un rôle de Victime.
C’est sans doute le concept le plus complexe car, bien qu’apparu chronologiquement en dernier dans le travail de Berne, le scénario englobe tous les autres concepts de l’analyse transactionnelle. La théorie du scénario fait de l’analyse transactionnelle une approche complète de psychothérapie.
L’idée ici est d’en comprendre les fondements et les mécanismes.
Le scénario
L’analyse des jeux psychologiques a mis en évidence leur répétition. Au fil des années, une personne peut reproduire les mêmes jeux psychologiques, les mêmes comportements comme si chacun suivait un chemin en partie tracé.
Devant ce constat, Berne a ouvert son dernier concept, le scénario.
Le scénario, c'est quoi ?
Plan de vie reposant sur une décision faite dans l’enfance, renforcé par les parents, justifié par des événements ultérieurs et culminant dans une alternative choisie.
Eric Berne – Que dîtes-vous après avoir dit bonjour ?
Voici synthétisée en 5 chapitres, l’histoire du scénario.
- Chapitre 1
A la naissance, l’enfant est prince ou princesse. Il ne craint pas le monde qui l’entoure, ii a des besoins de base, manger, dormir, être caressé… Tout va bien tant que ses besoins sont satisfaits.
- Chapitre 2
Au contact de ses parents et autres personnes influentes, appelées figures parentales, le bébé change. Si Maman ne répond pas à ses besoins dans l’instant, Bébé peut penser (dans la mesure de ses capacités) qu’il y a quelque chose qui ne va pas et que c’est surement de sa faute. De prince, il devient crapaud.
- Chapitre 3
L’enfant a grandi, il a environ 3 ans, il prend des décisions inconscientes sur ce qu’il devra faire de sa vie. Par exemple, il peut décider qu’il guérira l’humanité, se méfiera des hommes, découvrira une nouvelle planète, finira seul…
- Chapitre 4
Suite à ses décisions, l’enfant va investir une position de vie existentielle. Berne en a défini 4 : Je suis OK/Tu es OK, Je suis OK/Tu n’es pas OK, Je ne suis pas OK/Tu es OK, Je ne suis pas OK/Tu n’es pas OK.
- Chapitre 5
Pour réussir ses projets, l’enfant échafaude son scénario. C’est un processus inconscient et prévu pour durer jusqu’à la mort. Selon Berne, chaque individu a un scénario et peut en changer sous certaines conditions.
3 types de scénario
- Scénario gagnant
La personne qui a un scénario gagnant atteint ses objectifs. Elle réussit sa vie plus qu’elle ne réussit dans la vie, bien que les 2 ne soient pas incompatibles. C’est peut-être un artiste qui ne connait pas le succès mais qui est heureux avec ce qu’il produit parce qu’il a toujours voulu vivre comme ça. C’est peut-être un artiste qui connait beaucoup de succès, la réussite sociale est une conséquence externe.
- Scénario non gagnant
La personne qui a un scénario non gagnant passe à côté de quelque chose. Elle peut être socialement reconnue mais ne s’accomplit pas dans ce qu’elle fait. Peut être que ce qu’elle fait est le choix de ses parents. C’est le médecin dont le père était médecin et qui voulait être écrivain.
- Scénario perdant
Celui ou celle qui a un scénario perdant échoue souvent dans ce qu’il entreprend. Il rate son diplôme et n’a pas d’autre option, la promotion qu’il attendait lui échappe, la fille avec qui il voulait sortir tombe dans les bras d’une autre.
Selon Berne, Un gagneur sait ce qu’il fera s’il perd, mais n’en parle pas; un perdant ne sait pas ce qu’il fera s’il perd, mais parle de ce qu’il fera s’il gagne. (Que dîtes-vous après avoir dit bonjour)
Le scénario raconté par une actrice
Portia Nelson est une actrice américaine née le 27 mai 1920 à Brigham City, Utah, décédée le 6 mars 2001 à New York. Wikipédia.
Elle nous livre son autobiographie en 5 courts chapitres.
I
Je marche le long d’une rue
Il y a un grand trou dans le trottoir
Je tombe dedans
Je suis perdue…je ne sais pas quoi faire
Ça me prend une éternité pour m’en sortir.
II
Je déambule le long de la même rue
Il y a un grand trou dans le trottoir
Je fais semblant de ne pas le voir
Je tombe dedans encore une fois
Je ne peux pas croire que je me retrouve dans le même pétrin
Mais ce n’est pas de ma faute
Ça me prend encore un bon moment avant de m’en sortir.
III
Je redescends la même rue
Il y a toujours un grand trou dans le trottoir
J’ai conscience qu’il est là
Je tombe dedans quand même…par habitude
Je vois clair
Je sais où je suis
C’est de ma faute
Je me sors de là aussitôt.
IV
Je marche le long de la même rue
Il y a un trou dans le trottoir
Je le contourne.
V
Je prends une autre rue.