Auteur : Maryse Dewarrat – PTSTA Conseil
Il y a des personnes qui vont bien, avec ou sans sexualité. Nous voyons, en Conseil, celles qui souffrent ou qui ont un problème avec leur sexualité. C’est le cas pour certaines femmes, après la naissance d’un bébé. Je présente, pour ces femmes, une option d’accompagnement en Conseil.
PHASE D’EXPLORATION
Par l’écoute du récit de l’accouchement (voie basse ou césarienne), je peux détecter un éventuel traumatisme obstétrical qui me semble une cause fréquente, bien que taboue, d’une atteinte à la libido. La reconnaissance de ce traumatisme est le geste thérapeutique prioritaire. N’ayons crainte d’employer le mot de mort, selon le conseil d’Irwin Yalom[1], car c’est souvent sur cette terreur-là que s’est fixé le traumatisme : frayeur de la mort, pour la femme elle-même, ou pour son bébé.
Dans un deuxième temps, je distingue ce qui ressort d’une crise du couple, qui peut aller jusqu’au détachement entre les conjoints et à la rupture, et ce qui ressort d’une confusion devenue insupportable pour la femme, prise en étau entre ses différents nouveaux rôles qu’elle ressent comme impossibles à coordonner.
La spécificité de la période post-natale est que tout cela est très lié et qu’il est nécessaire, par contrat, de préciser ce qui est prioritaire pour la femme aujourd’hui, tout en gardant, comme professionnel/le, un regard large sur l’ensemble de sa situation.
Dans un troisième temps, le/la Conseiller/ère a besoin de distinguer son propre espoir de l’espoir et de l’énergie qui concernent la femme. Quel est son objectif, comme Conseiller/ère ? Comment gère-t-il/elle l’éventuelle différence des valeurs, en matière de couple et de sexualité ?
PHASE D’ACCOMPAGNEMENT
Après les signes de reconnaissance indispensables pour l’investissement maternel et paternel à cette période, je présente une hypothèse inspirée du concept de la symbiose de Jacqui Schiff.
L’hypothèse de la double symbiose permet à la femme de comprendre la spécificité de la situation du couple à cette période et son impact sur l’absence de sexualité.
Il est parfois judicieux de mettre à jour le driver Sois Parfaite en rappelant les conseils de D Winnicott[1] : « une mère suffisamment bonne » et « la capacité d’être seul » pour l’enfant.
J’informe que l’arrivée d’un bébé peut stimuler une quête d’absolu qu’il est dommage, pour le bébé lui-même, de rigidifier par un investissement affectif unique en sa faveur.
Au moment où la femme est suffisamment en confiance avec moi pour pouvoir en bénéficier, je peux utiliser une confrontation, si j’ai renoncé au Jeu Critique ainsi qu’à la position parentale qui m’amènerait à me sentir plus maligne qu’elle, selon l’éclairage d’Eric Berne[2].
PHASE D’EVALUATION
Après la confrontation, un silence méditatif marque l’hésitation de la femme entre une issue thérapeutique si la femme renonce à sa position antérieure, et une issue non thérapeutique si elle se défend ou choisit la colère.
Si la femme réagit à la confrontation par un rire, celui-ci marque une prise de conscience qui peut signifier une réussite thérapeutique relativement stable.
Il faut soutenir l’intégration de la prise de conscience qui amène à un changement décisif chez la femme dans son comportement envers son mari, différent d’une adaptation et d’une sur-adaptation : elle le regarde comme un amant et elle s’ouvre à lui, comme source affective précieuse.
Il faut soutenir aussi le changement d’investissement envers le bébé et faire le lien avec la Permission que sa mère lui donne de grandir, en ajustant sa présence auprès de lui.
Si le/a Conseiller/ère perçoit que la femme a des difficultés d’un autre ordre, physique ou pratique (positions, recherche du plaisir), une autre exploration est à envisager. La femme apprécie alors que le sujet soit abordé de manière simple (la sexualité est un besoin ni plus ni moins important qu’un autre) et avec les mots adéquats : vagin, clitoris, pénis, etc.
Comment le/a Conseiller/ère peut-il/elle acquérir cette aisance, quelle que soit sa vie privée ?
Au cours de cet accompagnement, je sens parfois la nécessité de confirmer à la femme une information ou de la rassurer sur un point précis. Je peux alors lui proposer de partager la manière dont j’ai vécu la même situation et comment j’ai choisi d’avancer, rappelant que nous sommes deux personnes différentes et qu’elle va trouver sa propre voie.
MD octobre 2018
[1] YALOM Irwin Thérapie existentielle Galaade Editions
[2]WINNICOTT Donald W. La mère suffisamment bonne, La capacité d’être seul Ed PBPAYOT
3] BERNE Eric Principes de traitement psychothérapeutique en groupe Editions AT