Auteur : Myriam Chéreau – TTA/PTSTA Education

 

  1. L’espoir de réussite quand on a 17 ans

Nous l’appellerons Max.

Max est un élève en terminale scientifique qui s’ennuie en classe : « j’apprends et je ne retiens presque rien. Ça ne m’intéresse pas vraiment et puis, à quoi ça sert les cours de philo ? » dit-il. Son professeur de maths lui demande de redoubler d’efforts, de travailler plus. Sa mère s’inquiète pour son bac et lui fait donner des cours particuliers. Et Max continue à regarder par la fenêtre voler les avions… Il rêve de devenir un jour pilote de ligne. Dans un entretien, son professeur principal, désespéré, lui déclare : « Mon pauvre Max, avec des résultats aussi faibles, aucun espoir d’entrer à l’école nationale de l’aviation civile ». Max se sent « nul » et démotivé. Si seulement il avait une baguette magique !

Max se rend souvent dans l’aérodrome où il a fait son baptême de l’air. Là, il oublie tout. Un jour, il ose parler de lui à l’instructeur-pilote. Ce dernier l’informe qu’il peut passer l’épreuve théorique du brevet de pilote, avec ou sans le bac. Max reprend espoir, et décide de suivre la préparation. Son père lui impose de continuer à aller au lycée. Il se met au travail, s’organise avec d’autres jeunes et ne voit pas passer le temps malgré la charge de travail. Il se sent bien, apprécie ses nouveaux amis. Quel plaisir d’aller suivre ces cours du soir ! Encouragé par son instructeur, Max y croit de plus en plus.

Reçu premier de sa promotion, Max est recalé au bac qu’il obtiendra l’année suivante. Quinze ans plus tard, il est devenu pilote professionnel et dirige une entreprise d’hélicoptères.

 

  1. Analyse et concepts

La littérature scientifique montre que parmi les facteurs de réussite scolaire, l’espoir occupe une place centrale. Il existe une corrélation entre un niveau élevé d’espoir et de bons résultats scolaires.

Qu’est-ce que l’espoir pour Max ? Au-delà des résultats scolaires, c’est précisément l’espoir d’avoir du pouvoir sur sa vie et d’être heureux. L’espoir fait partie intégrante du processus de croissance, de développement et de transformation. A travers l’espoir on peut voir que son identité personnelle se traduit peu à peu dans une identité professionnelle.

D’abord, sa situation scolaire se caractérise par l’absence d’espoir. Ce qu’il désire être lui apparaît inatteignable. Sa déception est grande. En analyse transactionnelle, nous parlons de l’opération sociale non OK correspondant à une perception négative qu’il a de lui, des autres, de l’apprentissage.  Il met beaucoup d’énergie à ne pas faire. L’Enfant adapté Rebelle est aux commandes et confirme qu’il n’est pas capable de réussir à l’école… Les autres le prennent en charge et veulent à sa place. Or l’espoir du Parent s’avère inefficace.

La relation entre Max et l’instructeur-pilote marque le début d’un changement d’énergie et de motivation. Grâce à des transactions Adulte, OK/OK, et porteuses d’espoir, le jeune reçoit des signes de reconnaissance, se donne la Permission de réussir ce qui le motive vraiment. Là réside le pouvoir de l’espoir. Le désirable, (devenir pilote de ligne) et le probable (être pilote professionnel) s’ajustent l’un l’autre dans un scénario gagnant. Son désir de savoir s’en trouve activé et Max se motive à apprendre. En accédant à cette maturité, Max en retire de la joie et cesse de douter car il se sent en sécurité pour apprendre. Il se consacre tout entier à la réalisation de son projet, exerce sa pensée Adulte (il décide), met en œuvre une stratégie. Seul ou en synergie avec d’autres, il construit dans l’interdépendance son identité sociale et personnelle. Ses besoins d’autonomie et de compétence sont satisfaits et ce qu’il vit fait SENS pour lui.

Nous voyons que le pouvoir de l’espoir dans la réussite à l’école s’incarne dans un projet qu’on peut résumer ainsi : « quand je serai grand, je serai… ». A l’adolescence, l’espoir de réussir fait partie intégrante de la construction identitaire.

Concepts

  • L’espoir selon Snyder dans le domaine cognitif, « c’est une façon de penser qui reflète un état positif de motivation basé sur la détermination et la confiance de pouvoir trouver des voies pour atteindre les buts souhaités »
  • Les trois composantes de l’espoir selon Ilona Boniwell et Martin-Krumm sont « les buts qui animent l’individu », « les moyens que le jeune pense avoir pour les atteindre », « la volonté de les atteindre »
  • La motivation selon les travaux de Lieury et Fenouillet
  • En analyse transactionnelle, l’espoir peut être défini par les concepts suivants :
  • L’opération sociale OK/OK défini par F. Ernst est « une mécanique pour aller bien »
  • La satisfaction des besoins à l’adolescence
  • La synergie entre les différents Etats du Moi pour apprendre
  • Le sentiment conscient d’avoir une identité personnelle décrit par Erikson
  • La passivité définie par Schiff
  • Le scénario gagnant selon Berne

 

  1. Conclusion

L’utilisation de l’A.T. a une vraie valeur ajoutée pour la communauté éducative car elle a un impact réel sur le scénario de vie pour des jeunes en pleine évolution. J’invite les parents, enseignants, consultants en éducation à se poser cette question : comment l’histoire de Max pourrait-elle être modifiée s’il avait trouvé des figures plus significatives pour lui permettre de sortir de sa symbiose et de sa passivité ? Quel est l’ESPOIR d’une école mieux informée des enjeux de la relation et pas seulement concentrée sur les programmes et les résultats des élèves ? Mon espoir c’est aussi de donner aux jeunes l’accès aux concepts de l’AT pour comprendre comment ils s’y prennent pour réussir.

 

  1. Eléments bibliographiques
  • Berne, E, (1972), Que dites-vous après avoir dit bonjour ? ed. Tchou
  • Choy, A, (1990), le triangle gagnant, AAT, n°61
  • Crossman, P, (1977), Permission et Protection, CAT 2
  • Y, Martin-Krumm C., Fenouillet.F, the hope theory : a review of the research revue disponible en ligne sur www.em-consulte.com
  • Erickson, E, Adolescence et crise, (1972), Paris, éd. Flammarion,
  • Ernst F.H. Jr L’enclos OK, une grille pour « aller de l’avant avec l’autre » CAT 1
  • Lieury A, et Fenouillet F, (1996), Motivation et réussite scolaire, éd. Dunod
  • Newton, T, (2012), l’AT relationnelle dans l’éducation et le processus d’apprentissage. Invitation à l’exploration. AAT n°141
  • Schiff, A.W et Jacqui. L (1981), la passivité, CAT, vol.2
  • Simonis, M. (1981), Pour qui l’élève doit-il réussir ? Enseignement et symbiose, CAT 3

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Le pouvoir de l’espoir dans la réussite à l’école

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