Auteur : Danielle Mizrahi – PTSTA Organisation

 

Introduction : Dans mon métier de consultante et coach, je suis en relation avec des dirigeants et des managers qui, pour certains, de façon récurrente, manifestent des comportements qui leur portent préjudice. Par exemple : un responsable d’équipe qui, avec les meilleures intentions du monde, ne pointe, chez ses collaborateurs que les actions ou les comportements qu’il réprouve et le fait de façon « normative » (« Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, il va falloir changer ! »)

Comment ces personnes peuvent-elles changer durablement ces comportements qui ont un impact négatif pour elles-mêmes et souvent avec les autres, en restant au niveau social ?

A – Travailler à partir des 6 ETATS DU MOI FONCTIONNELS (EDMF) pour déterminer ceux qui

sont appropriés et ceux qui ne le sont pas : à part l’Adulte, chacun des autres EDMF est usuellement présenté comme ayant une orientation positive ou négative. Je considère que cette terminologie prête à confusion car dans l’absolu, un EDMF n’est ni positif, ni négatif.

Un EDMF dit positif désigne, en fait, un comportement qui est approprié en fonction de 3 critères :

  • Mon état interne: ce que je pense, ce que je crois, mes valeurs, ce que je ressens et ce que je décide de faire de façon choisie et en conscience, dans l’ici et maintenant.
  • Les autres: ce qui est souhaitable dans la relation pour « aller de l’avant avec l’autre » (1)
  • La situation: avoir les comportements attendus en fonction des codes sociaux et culturels requis pour être dans le bien vivre ensemble.

Le contraire d’un comportement « approprié » est un comportement qui se manifeste « en pilotage automatique », en dehors du contrôle de l’Adulte soit de façon permanente soit épisodiquement, quand la personne est « sous stress ». Le but est de pouvoir disposer de toutes les ressources utiles permises par un équilibre des EDMF manifestés à bon escient.

B – Mettre en œuvre un processus en 4 étapes :

1) Prendre conscience des déficits et des excès dans la manifestation des EDMF par rapport à ce qui est approprié. Qu’est-ce qui peut favoriser cette prise de conscience ?

  • « Auto-prise de conscience » : je me rends compte par moi-même de l’effet de mes comportements sur les autres – ce que Berne appelle le « Diagnostic social » (2). Je peux aussi bénéficier d’un « Egogramme ». Cet outil crée par John Dusay (3) permet d’alimenter la réflexion de la personne sur la répartition relative de son énergie psychique entre les différents EDMF.
  • Dans le cadre d’un accompagnement de la personne, la confrontation par l’accompagnant, au bon moment et dans la bienveillance,
  • La mise à jour des préjugés et des fantasmes ou illusions qui limitent le plein accès à l’Adulte.
  • En groupe, les ateliers de développement permettent de tirer profit des feed-back mutuels des participants dans un environnement protégé.

2) Décider de faire autrement et croire que c’est possible : on pourrait parler d’un processus de redécision conscient dans lequel les 3 EDMF sont en accord pour aller vers le changement : Le Parent pour se donner les moyens d’être en accord avec les attentes sociales ; L’Enfant parce qu’il a envie de se faire du bien, de profiter de la vie et de s’adapter sans être sur adapté ; L’Adulte parce qu’il est lucide sur l’aspect approprié du changement et parce qu’il peut servir d’arbitre en cas d’impasse générée par un conflit interne Parent-Enfant.

3) Apprendre comment faire autrement

  • Identifier de façon précise le « nouveau » comportement souhaité : par exemple, je veux apprendre à dire non quand je sais par avance que je ne peux pas faire ce qui m’est demandé.
  • Expérimenter de nouvelles façons de faire : « L’insight » ne suffit pas, il y a besoin d’actions spécifiques et de poser des actes orientés vers la stratégie de changement

Oui… mais comment surmonter la peur et le refus inconscients du changement ?

Les recherches en neurosciences indiquent que le changement passe par la création de nouveaux circuits neuronaux (de nouvelles « routines » neuronales) qui peuvent se heurter au mécanisme inconscient de peur face au changement.

Quelques clés pour « négocier avec son inconscient » (4) :

Aller vers ce qui est le plus facile ; Ne pas forcer : Utiliser les processus d’induction pour visualiser le type de changement souhaité ; Se donner des permissions : « Exceptionnellement, aujourd’hui, avec x ou y, je me donne la permission d’écouter sans porter de jugement et de poser une question pour comprendre le point de vue de l’autre plutôt que de lui imposer le mien »

4) Persévérer : répéter les nouveaux comportements pour les ancrer sur la durée en allant de petite victoire en petite victoire, en célébrant les réussites et en acceptant ses limites et les « rechutes » inévitables parce que… tout simplement, nous sommes humains.

Et l’espoir dans tout ça ? Il est indispensable parce qu’il permet de déployer en soi des ressources insoupçonnées et parce qu’il nourrit la croyance d’un lendemain meilleur.

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  • Expression utilisée par F. ERNST in L’Enclos OK : une grille pour aller de l’avant avec l’autre – Les Classiques de l’Analyse Transactionnelle – Vol.1
  • Eric Berne in Analyse Transactionnelle et psychothérapie – Petite bibliothèque Payot
  • John Dusay in Les Egogrammes et la conservation de l’énergie psychique – Les Classiques de l’Analyse Transactionnelle – Vol.1
  • Expression de JJ CREVECOEUR in Relations et jeux de pouvoir, Edition Jouvence

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Atelier Changer durablement les comportements qui nous desservent au travail : espoir ou illusion ?

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